lundi 5 décembre 2011


Elles sont au lycée et je les ai repérées depuis longtemps. Nathalie est mini jupe, dentelles et velours, Clotilde est jupe plissée, chemisier et cardigan, Lorraine n'est rien du tout, ou bien jean et pull, elle se cache dans des grands t-shirts ou de gros pulls.

Je les ai remarquée depuis longtemps, la sophistication rêveuse de Nathalie, la grâce de Clotilde, la violence de Lorraine, qui a la réputation d'avoir giflé une surveillante. Elles tranchent sur tout le lycée. Je ne vois qu'elles. Si je les atteins, je deviens une vraie personne.


Je vais les atteindre par hasard et par Lorraine. Un jour, dans le couloir dans le bureau du proviseur. Lorraine et une autre fille attendent. Il y a eu bagarre, Lorraine a l'oeil mauvais. Moi, qui attend pour une histoire d'inscription en grec au bac à l'écrit sur laquelle seul le proviseur peut donner des éclaircissements, je la regarde. Lorraine est assise sur le banc, son attitude de suprême indifférence m'enchante, je dois être comme elle ; je me redresse et je prends l'air dégagé. L'autre fille se tient voutée, elle est furieuse. C'est une pétasse ordinaire, un jean moulant et des cheveux teints en noir, les yeux très maquillés.
Je m'assied à côté de Lorraine en travaillant bien l'air dégagé.
- Qu'est-ce tu fous là, toi, me demande l'autrefille avec une grimace - de dégoût ?
- Qu'est-ce ça peut te foutre ? répond Lorraine.
Avant de se tourner vers moi :
- Excuse-moi, tu veux peut-être lui répondre, mais j'ai trouvé son intonation.... je sais pas, ajoute-t-elle à mi-voix à mon endroit, je sais pas si elle fait exprèsd'avoir l'air aussi conne...
Je pouffe, c'est irrépressible.
- C'est toi la pute ! hurle l'autre en rage en se levant d'un bond ; il est évident qu'elle ne sait pas faire face aux piques acides de Lorraine, à part en hurlant.
- Oh oh oh, fait Lorraine en se levant très ostensiblement comme pour échapper à un coup de l'autre fille, qui en effet à fait un geste vaguement menaçant vers elle.
Le personnel administratif et le directeur sont là tout d'un coup ; le directeur y va de sa crise d'autorité ;il est là pour ça.

- Que se passe-t-il ? beugle-t-il vaguement.
- Faut pas nous laisser ensemble, elle va me frapper, fait Lorraine, avec un aplomb infernal.

Le directeur regarde sévèrement l'autre fille, qui n'en peut plus :

- Oh, crie-t-elle, mais non,c'est elle qui... qui...

Elle pers son calme et son attitude la dessert.

- Bon, fait le directeur, passez dans mon bureau. Et vous ? fait-il en me regardant.

J'explique, le bac, le grec, l'inscription, l'option.

- Ah oui !
Il a l'air accablé ; une élève studieuse ; je l'emmerde.

- revenez dans une heure. Je suis désolé, là, je n'ai pas le temps, vraiment pas.


Le soir, à la sortie du lycée, Lorraine m'attend. Ses cheveux blonds ruissellent sur son dos, sa bouche aux lèvres épaisses est ouverte en un immense sourire, elle est sanglée dans son jean qui la moule comme un collant et bien que le t-shirt soit large on devine qu'il y a du contenu :
- Tu fais du grec ? me demande-t-elle.
- Ouais.
- La classe. Moi j'ai fait du latin mais je foutais rien, j'ai arrêté. je regrette. J'aime les gens qui s'intéressent à la culture.

C'est fait, Lorraine est ma copine. Parce que je m'intéresse à la culture.

jeudi 24 novembre 2011

J'avais 17 ans, et des idées arrêtées et sûres. Dans la vie, on finissait par rencontrer une personne avec qui on vivait et couchait régulièrement, ça pouvait durer toute la vie, ou pas, et on était obligé de recommencer à chercher quand ça ne durait pas toute la vie.

Quand on était jeune, on passait forcément pas une phase de quête de soi-même pendant laquelle on couchait avec toutes sortes de gens, de façon à établir si :
- on voulait être fidèle à une seule personne.
- on préférait les hommes ou les femmes.

Après cette phase expérimentale, on parvenait à savoir si on était fidèle et attiré par les hommes, fidèle et attiré par les femmes, infidèle et attiré par les hommes, infidèle et attiré par les femmes, et j'avais une petite catégorie attiré par les deux, au cas où, et uniquement par logique pure, parce que j'aime le thé et le café (et que je déteste mon papa ET ma maman). Je ne pensais pas que les gens pouvaient être sérieusement attiré par "les deux".

Moi, j'étais obsédée par l'étudiante bulgare et ses seins, mais je pensais que je voulais être aussi jolie qu'elle ; sinon, je voulais rencontrer un homme, me marier et être fidèle, c'était mon programme. La vie, normal, j'étais une fille, c'était la vie des filles.

L'épisode avec l'étudiante m'a évidemment fait douter de moi, je me suis donc dit logiquement que je devais attaquer la phase "rencontrer des garçons". J'avais trop tardé, ça m'avait perturbé les hormones.

Or, je connaissais déjà des tas de garçons, coucher avec eux me paraissait impossible.
Donc je n'avais pas rencontré les bons.

Alors je devais sortir plus.

Mais comment sortir quand one st une fille timide pas très jolie ?


mardi 22 novembre 2011


Il appelle. Il est gentil, il est poli, il est charmant. Il l'est vraiment. Il n'a pas de deuxième niveau, il est juste ce qu'il a l'air d'être, et attendrissant comme un lapin. J'ai remarqué l'autre jour dans cette fête - mais qu'est-ce que je fous à ces fêtes, ça me fait me coucher tard et j'aime pas - le bien habillé qu'il était, l'habillé tendance, mais pas totalement, métrosexuel, les cheveux courts, la petite barbe. J'aime ça, j'adore. Il a l'air vrai. En fait, il ne l'est pas, est-ce que ça existe les gens comme ça ? il a l'air de s'être fabriqué le look du garçon qu'il faut être.

J'ai noté aussi la fierté mignonne de son travail - hélas - abomination - mais au prix d'un effort je suis passée outre. A-t-on le droit d'être délicieux comme ça ? Il m'a expliqué son job, faraud, et j'ai eu mal pour lui et j'ai été triste. J'ai essayé de ne pas écouter quand il me parlait de son avenir et de son chef. Il avait bu.

Ce qui (pas qu'il ait bu, mais sa façon de parler de son boulot) m'a découragé de poursuivre , ça serait trop, me suis-je dit, et, venue avec ce sac de bière de Bruno, je suis repartie avec lui. Dit comme ça, ça ne semble pas très engageant, mais un homme drôle est un trésor. Et que je connais son anatomie depuis longtemps, et lui la mienne, et qu'on se connaît bien. Bon, il arrive aussi qu'il me gonfle, mais là je suis d'humeur tendre (les vieux amis, tout ça).

Il a rappelé, le joli garçon de son époque, et ce vide dans mon ventre. Raccrocher ? Alors se priver ? Jeme sens comme un lion devant son repas et j'essaie de me diminuer pour rentrer dansdes cases plus plaisantes, qui ne fassent pas peur. J'aurais peut-être du être odieuse, mais il est trop tard.

dimanche 20 novembre 2011

Ça serait bien peut-être d'habiter dans un pays anglo saxon, un grand appart à baies vitrées donnant sur la mer.
Il y aurait un centre commercial pas très loin, et un pub irlandais. Le soir, en fin de journée, j'irai y boire des bières et j'y retrouverai mes potes, une mère de famille semi alcoolique, un immigré turc étudiant en droit, un garagiste irlandais.

Plus tard, je rentrerai chez moi et mon mari m'y attendrait. Un grand homme romanesque que j'emmerderais toujours, de mes sautes d'humeur et mes découragements subits. On s'engueulerait, parce que je ne suis bonne à rien, je ne travaille pas vraiment et je me fais chier toute la journée ; et lui, il trouverait que je peux mieux faire, mais je n'arriverai pas à m'y mettre. Je décongèlerai une pizza et on boirait du vin. En s'engueulant toujours. Tard dans la nuit on ferait l'amour dans la salon que la lune seule éclairerait.

Au lieu de ça, je prends le métro pour bosser dans une tour et à midi je bouffe à la cantine.

samedi 19 novembre 2011

Donc maintenant que j'ai écrit ce que j'ai écrit, je me relis et me dis : pourquoi doux amer ?
Parce que je ne me suis jamais sentie aussi ridicule.
Parce qu'elle voulait juste... je ne sais pas quoi, ne fait, mais ça n'était qu'un jeu, ou je ne sais pas, elle voulait me voir à poil peut-être ? Ou me titiller ? Ou alors j'ai vraiment eu l'air trop conne, bref, cette fille, objet entre autre de mes fantasmes de l'époque en version féminine, je l'ai revue, oui, mais pas, disons, comme j'aurai aimé. Et puis au final, elle a déménagé et je ne l'ai plus revue.
Moyennant quoi, maintenant que je ne suis plus dépassée et submergée par mes émois et émotions, je sais ce que je voudrais lui faire. Je le sais bien. Et je sais aussi, et ça n'est pas ce qui me déplait forcément, qu'elle aimait les hommes. je n'ai absolument aucune preuve qu'elle aimait les filles, sauf une copine à elle avec laquelle je n'ai pas trop su analyser la relation, mais que je haïssais suffisamment pour savoir que j'avais compris qu'il y avait "quelque chose" (mais quoi au juste ?) avec elle.

Mais enfin cette histoire, c'était vraiment n'importe quoi. Alors que je fantasmais sur elle depuis plusieurs mois, je n'avais néanmoins rien vu venir ; quand les choses avaient commencé, j'avais, au sens strict, perdu la tête. Et ensuite, j'étais tellement bouleversée que j'étais sortie de l'eau, et j'avais entendu ma soeur rentrer, donc je m'étais précipité en panique dans ma chambre. Et puis, j'ai passé des jours à digérer l'évènement. Mais peu importe. Une époque où je ne contrôlais encore rien. Si tant est que je contrôle quelque chose aujourd'hui...

Mais surtout ne pas s'imaginer que paf, retournement de situation, je suis devenue quoique ce soit d'assuré ou de certain. Cette histoire a juste ouvert une porte imprévue dans ma vie ; une porte imprévue que j'ai franchi, sans plus jamais pouvoir revenir en arrière.

jeudi 17 novembre 2011

Commencer. Pas facile, je m'y mets peu à peu, je dois plonger.

Je dois parler d'elle, d'elles et d'Elle. Et de lui et d'eux. Le mieux est de vraiment tenter de tout dire, tel que je le ressens, exactement, mais pas facile.

Alors je commence juste par un souvenir doux amer.

Il y a.. quelques années, un bain, c'est un bain, dans la salle de bain. Dans une salle de bain. Elle n'en avait pas, de salle de bain, alors je lui propose de venir chez moi, nous en avons une, grande, bien refaite car ma mère aime aménager.

Une salle de bain chaude, douce, avec de grandes serviettes qui chauffent sur un radiateur spécial.

Elle vient avec une bouteille de vin, ses cheveux détachés, elle sonne, je vais ouvrir la porte, je suis surprise, je révisais.

Elle me propose un verre pour me remercier, j'accepte, elle me traite comme une étudiante, je ne suis qu'une lycéenne. Si heureuse.

Nous nous asseyons dans le salon.

Nous parlons, une douce chaleur m'envahit. C'est le vin, mais pas seulement. Puis-je croire ce qui se passe ?
- Oh, mais il faut que j'y aille, s'écrie-t-elle. je peux toujours ?
Et elle se dirige tranquillement vers la salle de bain, je la guide dans le couloir, elle entre, ote son t-shirt, d'un seul mouvement, elle ne porte rien en dessous, elle ôte son jean. En une seconde elle est nue devant moi sidérée, elle fait couler le bain, je reste plantée là, muette, brûlante, sans penser à sortir, figée.

- Hey, tu bouges ? dit-elle. Tu viens avec moi si tu veux ?

Et un sourire.

Il faudrait absolument dire non, tout en moi dit non, je tremble, et je me déshabille pourtant, une force venue d'au delà de moi m'anime. Tandis que mon esprit refuse de me donner à comprendre qu'il se passe ce dont je rêve confusément depuis plusieurs mois, mon corps a compris et agi en conséquence.

Ce que je ressens à ce moment est unique. Bouleversée, presque en état de choc, mon corps vole, je ne sens plus rien sauf une chaleur terrible entre mes jambes et dans mes seins. Mon esprit est totalement ailleurs.

La vapeur d'eau envahit la salle de bain.

Elle me touche, souriante. Entre dans le bain. Je reste plantée là. Au milieu de la pièce.
- Alors ? fait-elle.

J'avance, enjambe la baignoire, sous son regard souriant. C'est comme un rêve. Je suis nue, elle est nue, nous sommes dans l'eau, nous nous touchons à peine. Elle ne cesse de sourire. Comme s'il se passait quelque chose de clair, d'habituel, mais que je ne m'en rende pascompte.

- Hey, dit-elle avec son accent, remets-toi. On prend un bain.

Mon désir est si fort, et j'y suis si peu habituée, que je ne sais que faire, ou plutôt, je n'arrive pas à penser ou agir. En fait, je ne sais même pas qu'il s'agit de désir, je ne pensais pas qu'un mot puisse recouvrir, désigner, évoquer cette chaleur, brûlure, douleur torpe qui bat dans les muscles, paralysie hébétée. Je regarde ses seins, puis je les quitte des yeux, très gênée, elle rit, les frotte, les soulève, me dit que je n'ai pas à avoir honte, on est entre fille. Bien sûr des fantasmes j'en ai déjà eu, mais là, je ne peux rien faire. Si j'y avais pensé, aurais-je osé ? Embrasser ses seins ? Les lécher ? ne parlons même pas de m'approcher de parties de son corps plus intime. Mais de toute façon, on n'en est même pas là : je suis verrouillée.

Le clapotement de l'eau. La vapeur. L'eau chaude qui me ramollit. J'ai presque mal.

Elle finit par s'apercevoir de quelque chose, se penche vers moi à l'autre bout de la baignoire, et là : ses doigts s'approchent de cette zone de mon sexe qu'ordinairement, presque tous les soirs, je frotte avec désespoir et passion et que seul un gynéco a déjà touché pour l'instant. Elle la touche et s'enfonce. C'est violent. Pas son geste, qui est très doux, très délicat, mais ce simple fait. Je jouis tout de suite, enfin presque, sous ce toucher féérique. Mais c'est si violent en moi que je pousse un cri qui n'a, vraiment, rien d'humain. Je m'accroche des deux bras aux rebords de la baignoire et hurle, la bouche, ouverte, du fond de la gorge, tandis qu'elle me regarde médusée, recule ses doigts, ce qui me fait, au contraire, et c'est un réflexe qui m'échappe totalement, avancer mes hanches pour prolonger le contact netre mon clitoris et ses doigts. Mais comme elle ne comprend pas ce qui se passe, elle enlève vraiment sa main, me regarde avec ahurissement lâcher les bords de la baignoire, me mettre les deux mains là où je pense et m'astiquer avec une violence sauvage, des gestes d'urgence et en criant comme je ne savais pas que l'on pouvait crier. J'atteins l'orgasme, les yeux plantés dans les siens, d'abord stupéfaits, puis amusés.

J'y ai souvent repensé pour tout un tas de raison, mais le truc qui m'a traversé l'esprit sur le moment c'est à quel point je devais avoir l'air ridicule à me frotter la chatte en criant, la bouche ouverte, l'air peut-être aussi ahurie et dépassée par ce plaisir que je me sentais, intérieurement, dépassée par ce qui se passait.

C'était aussi peu sensuel, voire sexuel, que possible, c'était - il n'y a pas de mots. Un foudroiement ?

En tout cas, j'avais 17 ans, aucune expérience sexuelle véritable, et ça a été le premier jour de ma vie, la mort de ce que j'étais avant. Il faut dire qu'avant, je n'étais rien. Ou si peu. Et là tout d'un coup, j'ai su. J'ai tout su. Je ne sais pas le dire en mots, mais j'ai su, et j'ai vécu depuis, ma vie, la vraie, pas celle qu'on voulait m'implanter.


(très important : OK je raconte ça mais croyez moi si vous voulez, ou ne me croyez pas, ceci n'est pas, pas du tout, un blog de cul)

(si, si, j'insiste)